Madère
Le madère est un vin muté exclusivement produit à Madère depuis plus de 500 ans. Si, comme tous les vins fortifiés, sa fermentation est stoppée par une adjonction d’eau-de-vie, en matière d’élaboration, il se plaît à cultiver sa différence. D’ailleurs, le madère est un vin absolument unique qui offre une grande diversité en termes aromatiques.
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Où sont produits les vins de madère ?
Madère est une île portugaise qui se situe dans l’océan Atlantique, au large du Maroc. Les vignes cultivées sur ce petit archipel volcanique bénéficient d’un terroir exceptionnel et d’un climat océanique tempéré. Naturellement, cet environnement contribue à forger la personnalité exclusive des madères et participe à leur succès aux quatre coins de la planète.
Les origines du madère
Etymologiquement « Ilha Madeira » signifie « île boisée ».
Colonisée par les Portugais dès le 1425 l’île principale de l’archipel ainsi que celle de Porto Santo toute proche vont se révéler rapidement propices à la culture de la vigne.
Lorsque les navigateurs portugais découvrent l'île, ils commencent à cultiver les terres en y faisant pousser du blé, de la canne à sucre et des vignes. Rapidement, les colons portugais s’aperçoivent du potentiel commercial de l’île et se focalisent d’abord sur la production de canne à sucre.
Le madère au XVIème siècle
Au début du XVIème siècle, la culture de la canne à sucre est ralentie en raison d’une production trop intense, qui entraîne un épuisement des sols, et à cause de la concurrence sud-américaine qui propose des prix imbattables. Les plans de canne à sucre sont alors remplacés par les vignes et le cépage Malvoisie s’installe en tant que cépage emblématique de Madère.
Le madère au XVIIème siècle
Au XVIIème siècle, la production de vin de Madère continue de prospérer à travers les exportations. Des accords avec le Royaume-Uni permettent aux marchands britanniques de s’installer sur l’île et de développer un commerce prospère avec l’Inde et les Amériques qui appréciaient ce vin fortifié par son voyage en bateau. A l’approche du XVIIIème, le vin de Madère est reconnu internationalement à travers le commerce triangulaire.
Le madère au XVIIIème siècle
Au début du XVIIIème siècle ; le Royaume-Uni et le Portugal signent un traité déclarant que les vins portugais seraient moins taxés que les vins d’autres pays en entrant sur le territoire Britannique. Cette décision renforça une fois encore les relations commerciales entre les deux pays mais plus particulièrement au profit des vins de Porto que ceux de Madère dont l’exportation hors Europe était plus importante. A cette époque, deux techniques d’élaboration se perfectionnent : la fortification et le chauffage traditionnel appelé
« Estufagem ». Convaincus que le temps passé en bateau ainsi que les changements de température amélioreraient grandement la qualité des vins, les producteurs commencèrent à produire le Madère tel que nous le connaissons aujourd’hui. Au tournant du siècle, la guerre d’Indépendance aux Etats-Unis ralenti l’exportation et le Royaume-Uni devient le premier marché du Vin de Madère.
Madère et réglementation
La création de l’Institut des Vins de Madère en 1979 est synonyme de stabilité pour le vin de Madère qui continue d’étendre ses exportations en Europe. Il est également marqué par de nombreux efforts visant à réguler la production de vins de qualité. L’entrée du Portugal dans l’Union Européenne eut également un impact sur le développement des régions viticoles de l’île : renforcement des contrôles de qualité et développement de l’industrie viti-vinicole.
Aujourd’hui le vin de Madère est régulé par l’Institut du Vin de la Broderie et de l’Artisanat de Madère (IVBAM - créé en 2006).
L’élaboration des madères
Les vins de madère peuvent être élaborés à partir des cépages suivants : sercial, verdelho, terrantez, boal, malvoisie et tinta negra mole.
Étant situées en terrasse, les petites parcelles de Madère sont obligatoirement vendangées à la main par les viticulteurs. Les vignes grandissent sur palissade ou en espalier et sont taillées à la fin février. Les vendanges commencent à la fin du mois d’août et peuvent durer jusqu’à la mi-octobre. Le procédé manuel nécessite beaucoup de main d’œuvre.
Comme le Xérès, le Madère est vinifié puis fortifié avec une eau de vie. Le moment de la fortification varie selon le type de cépage et par extension, selon le type de vin que l’on souhaite obtenir. Le moût du cépage Malvoisie est fortifié au début de la fermentation (conservant ainsi les sucres). Le Boal et le Verdelho sont fortifiés durant la première semaine de la fermentation et le Sercial, un mois après le début de celle-ci.
Les vins fortifiés sont ensuite chauffés selon deux méthodes : l’Estufagem ou la Canteiro. Cette particularité des vins de Madère est sa principale originalité, unique au monde, réside dans la technique de méthode de chauffe qui consiste à chauffer le vin, ce qui est d’habitude fortement déconseillé car le vin et la chaleur ne font pas bon ménage. Cependant, lors des voyages en mer, du fait des changements climatiques, le vin chauffait, lui donnant une complexité différente. Convaincus que le temps passé en bateau ainsi que les changements de température amélioreraient grandement la qualité des vins, les producteurs commencèrent à produire du vin de Madère tel que nous le connaissons aujourd’hui.
Les madères sont ensuite embouteillés sous le nom de leur mono-cépage suivi d’une mention d’âge.
Les différentes catégories des madères
La mention « rainwater » atteste que le madère est un vin léger et doux, similaire au Verdelho mais élaboré exclusivement à partir du cépage Tinta Negra Mole et vieilli 3 ans.
La mention « finest », certifie que le madère a vieilli au moins 3 ans et qu’il a été chauffé selon la méthode Estufagem.
« Réserve » signifie que le madère a vieilli pendant 5 ans minimum. Pour un madère « Réserve », le seul cépage autorisé est le Tinta Negra Mole. Le « Special Reserve » a également vieilli 5 ans minimum et sa chauffe se fait avec une source de chaleur artificielle.
Les madères « Colheita ou Harvest » sont des vins issus d’une seule récolte et compte minimum 20 ans d’âge. Les madères « Frasqueira » sont également vieillis pendant 20 ans mais dans des fûts selon la méthode Canteiro.